Académie de la Couleur : Brun de Rose

Vue depuis la Tour Pey-Berland

Le 18 Mars 2016, j’ai pu découvrir l’Académie de la Couleur et le travail de l’équipe bordelaise autour de la Couleur. Une programme plein de promesse qui m’a plus que ravis. J’ai profité pour visiter la ville de Bordeaux, véritable bijou architectural du XIXème, une des anciennes métropoles du commerce colonial classée au patrimoine mondial de l’Unesco. L’homme du Sud-Ouest que je suis depuis plus d’une douzaine d’années a généralement trouvé le Sud-Ouest plus attrayant, coloré et vivant. C’est surtout l’esprit du Sud authentique, qui jaillit sur le paysage et que l’on ne retrouve nulle part ailleurs, ce qui me convient bien. Avec étonnement, j’ai trouvé Bordeaux extraordinaire, tant dans son histoire quand dans son tissu urbain. Je ne pensais pas être à ce point séduit par une grande ville de Provence française. Cela ne m’était pas arrivé depuis ma visite de Toulouse en 2003.

Plusieurs facteurs jouent en faveur de cette superbe ville :

L’anachronisme architectural

Un véritable voyage dans le temps et à la fois une expérience anachronique qui surprend. On se retrouve à déambuler dans une ville presque intacte, où des trésors encore flamboyants d’une époque révolue sont encore à porter de regard, entre les nombreux restaurants et les longues allées de magasins qui frétillent à la vitesse de la vie moderne. L’errance est donc de mise dans une ville comme Bordeaux. Pour apprécier vraiment le décor, il faut l’explorer absolument à pied. La vieille ville est dominée par les clochers des églises, il n’y a pas de buildings qui parasitent la vision. Si on joue le jeu de l’architecture, on peut complètement se projeter dans son histoire et vivre l’espace dans lequel on évolue.

J’ai eu un vrai coup de cœur pour le musée des Arts décoratifs et du Design installé dans l’Hôtel Lalande, un espace où l’imaginaire gambade. On peut approcher les meubles et les céramiques au centimètre, cette proximité avec objets exposées nous fait vivre une expérience unique. On se déplace de pièce en pièce comme un client de l’Hôtel et on finit par faire partie du décor. Si vous devez visiter un musée à Bordeaux, choisissez celui-ci.
D’une côté la vieille ville entretenue et maintenue dans son âge d’or, et de l’autre côté un Bordeaux tourné vers l’avenir avec des constructions modernes et une stratégie du développement industriel de l’innovation. Bordeaux est une ville d’ambition, pour les ambitieux.
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Les dispositifs touristiques

Les touristes à Bordeaux en ont pour leur argent. On ressent clairement une volonté politique de valorisation du patrimoine, de développement des structures touristiques et culturelles. Traduction en dix langues des circuits touristiques, différents forfaits de visite, excursions dans les domaines viticoles,  découverte de la gastronomie bordelaise… J’ai passé trois jours à Bordeaux qui ont ressemblé à cinq jours. On se déplace facilement grâce au Tramway, il y a une vraie accessibilité des lieux. Les rives de la Garonne sont aménagées, c’est un plaisir. Pour les visiteurs et les gens de passage, tout est fait pour que vous n’oubliez pas Bordeaux quand vous partirez.

Vue depuis le VISIOTOUR

 

Une ville à l’écoute des actions locales

Il se peut que ça soit une impression personnelle mais dans la vie bordelaise, j’ai eu la sensation que la ville était à l’écoute des entrepreneurs et les initiateurs d’actions sociales, culturelles, industrielles ou artistiques. Je suis rarement emballé par les dialogues politiques qui sont rarement des échanges fertiles mais davantage des combats pour faire vivre la ville à l’échelle des hommes et pas seulement des populations ou des communautés. A Bordeaux, tout n’est pas rose, loin de là!  mais ne serait-ce que de savoir qu’on existe dans la ville, même symboliquement, pour son initiative et qu’on est reconnu comme un acteur de sa ville, c’est déjà beaucoup. Si je dois faire la comparaison avec Toulouse, la politique du tourisme est plutôt démagogique, ou l’on fait pour montrer qu’on fait, sans vraiment avoir une vision citoyenne du développement et de l’innovation culturelle. D’ailleurs, il y a un fossé entre la culture vivante de Toulouse d’une richesse authentique et la culture sponsorisée, politiquement correcte et sans véritable valorisation du local. On soutient souvent les grands et on oublie trop souvent les petits acteurs.

Cette petite introduction nous amène à la conférence Brun de Rose de la terre aux territoires.

Brun de Rose, de la terre aux territoires

Je trouve ce titre profondément approprié, ne serait-ce que pour le lien avec la ville de Bordeaux. « Brun de rose », « terre », comment ne pas penser au vin de Bordeaux? « Territoires », quand le passé et le présent sont les écrans d’une ville en devenir. La couleur a une place légitime dans cette ville surprenante.

L’Académie de la Couleur, dont Marie-Pierre Servantie est la présidente favorise une approche interdisciplinaire de la couleur et un dynamisme des échanges des savoirs et des savoirs-faire dans le domaine. L’Académie de la Couleur est aujourd’hui un des pôles de la couleur en France.

Il faut une vision globale qui mêle les méthodes d’analyses de divers sections de sciences et des arts. « Wilfried KRUG »

Brun de rose, couleur des sédiments, de la terre « Amélie VIALET »

Témoignages des objets préhistoriques qui nous rélèvent les comportements des hommes préhistoriques (paléolithique supérieur)
La couleur de la terre – De la terre au territoire – Sous la terre
Consultation de cartes répertoriant différents sédiments codifiées par des couleurs. Période quaternaire.
La couleur est porteuse d’informations historiques.
Avec toutes ces analyses, nous pouvons reconstituer le paléopaysage.
Site de Nice Terra Amatra : premières traces de feu en France.
Stratigraphie avec les différentes couches de sédiments (couleurs, granulométrie, analyses microspcopiques)
La révolution de la pierre taillée (L’innovation à l’origine de ce que nous sommes devenus)
Murs de nodules de silex.
Cornéenne à Totavenne.
Sépulture (remise à la terre, retour à la terre). Elles sont recouverts d’ocre 140 000 ans avant notre ère. Il est probable que l’ocre vienne de l’île d’Elbe.
Sous terre, grotte Chauvet.

Les artistes indépendants « cézannistes » dans l’ex RDA, Marie-Lys SINGARAVELOU.

Hans Grundig, Opfer des faschismus, 1946. Tons de terre.
Faire le deuil des périodes de mort. Retour à la terre rédompteur. La terre comme chair originelle, maternelle, « terre mère ».
Des lueurs d’ocres qui jaillissent des rouges terreux.
Sabine Peukert, Gemüse, entre le cézannisme et le expressionnisme, un art métisse qui tend vers un équilibre plastique en phase avec son époque.
Lothar Böhme, Kopf, 2001 . La permanence de l’homme, ce qui nous constitue en substance.

Couleur et visagisme : Corinne BONNET

Fondatrice de la Trends Academy. Salon Yann Marincamp.
Vous avez dit chatain? Chromatologie : symbolique des couleurs, signes formes et couleurs.
Tout commence par une consultation client. On travaille dans un dialogue avec le client.
Penser la coloration du cheveu en prenant compte de la carnation de la peau.
Coloration comme décoration du cheveu.
Du moyen-âge à la renaissance, le Blond vénitien était adulé.
La coloration est devenue indispensable, elle fait partie de nos modes et de nos envies. La couleur est vibratoire et émotionnelle.
Elle est liée aux quatre saisons, la peau bouge tout au long de l’année, la couleur de la peau évolue, la couleur des cheveux également.
La couleur a une connotation sociologique. La manière dont on s’habille traduit l’état d’esprit dans lequel nous sommes. Les textures que l’on porte, les formes et les bijoux représente des traits subliminaux qui dévoilent notre personnalité. Ce ne sont pas des éléments figés, ils sont révélateurs d’un état d’esprit du moment.
La coloration des cheveux a une action direct sur la peau qui elle a une action sur les yeux.
La hauteur de tonalité de peau est la fondamentale pour la mise en valeur du visage. Le phénomène de contraste joue sur notre perception des tonalités. Des cheveux plus foncé que la peau vont l’éclaircir et inversement.
Les reflets (cendré, irisé, doré etc.) vont être définis en fonction des tons du visages et des yeux.
L’omniprésence du contretype.

Dominique CUVILIER : Bon teint et bon ton, tendances à fleur de peau.

Captologue. Comité français de la couleur.
Tensions d’humanité, nous sommes dans des recherches d’authenticités mais nous avons toujours la nécessité de donner du sens par la rencontre physique.
Nous sommes dans un contrôle de systèmes qui finissent par nous contrôler.
Nous dans un métissage technologique et humain.
Musée Quai Branly, exposition Persona
Le brun de rose nous ramène aux rapports entre la chair et la technologie. Le brun de rose est aussi la rencontre entre le monde de la robotique technologique et l’homme de chair.
Plus la technologie se développe, plus on va chercher à retrouver une dimension humaine.
La bio impression tend à se développer. La seconde peau.
Prospective. Jeunisme et Agisme, qui marie le brun et le rose. Une articulation qui mène sur le débat de l’immortalité.
Barbie : les nouvelles babies, rupture des archétypes.

Larissa NOURY : Polychromie urbaine

De l’architecture égyptienne, des contructions gréco-romaines, des fantaisies du 19ième, de l’Art Nouveau, des Arts Déco en passant par le Corbusier ou encore hundertwasser jusqu’à l’architecture modernes puis contemporaines, la couleur traduit des discours, des personnalités, des époques.
Le design environnement : la beauté doit être fonctionnnelle.
Arquitectonica, groupe d’architecture. Groupe Jean nouvel.
Quatre groupes : architecture de « valeur » (clair foncé), « couleur » (tonalité, polychromie), « nuance » (camaïeux), « mixte » (mélange couleur et nuance ou valeur).
L’intelligence de l’harmonie des couleurs est une source de la revitalisation urbaine.

Marie-Pierre SERVANTIE : Polychromie rurale

3 repérages: Repérage de loin, vision rapprochée, repérage de près. base sur le nuancier NCS.
Reproduction des teintes. Contretypes d’échantillon.
Induits tyroliens = enduits mélangés aux pigments.

Table Ronde

Sylvain SCHOONBAERT, Yves RAIBAUD, Anaïs DUPUY-MOREAU, Michel PETUAUD-LETANG, Jean-Paul SIMON, Marie BERLAND,
Croisés et menuiseries en petit gris (blanc grisée)
Portes de la place de la Bourse peintes en blanc brillant.
Auteur de Histoire de portes de Bordeaux.
Les portes sont en bois jusqu’à l’Art Nouveau. La peinture était une façon facile d’harmoniser les portes qui étaient constituées d’essences de bois différentes.
La couleur d’une ville, c’est la couleur des matériaux locaux utilisés dans l’architecture vernaculaire.
Requalification des façades. Pignons avec illustration.
Le matériau Danpalon, translucide polycabonate (propriété de difraction) Société Everlite. Isolation extérieure : double peau, espacement de quelques centimètres avec des systèmes de ventilations. Cette seconde peau à un indice thermique. Elle absorbe le choc thermique.
Yves RAIBAUD: PFH: Putain de Facteur Humain.
Les nouvelles architectures improbables en banlieue sont-elles véritablement créatives ou toujours stigmatisantes?

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Trophée « Oeilleton » 2015, Michel Albert-Vanel. Spiritualité de la couleur.
Colorisation de photo ancienne : Alain d’AMATO pour son livre 1914-1918. Prix spéciale du Jury 2016.
Trophée Oeilleton 2016 à Hervé BERNARD, Regard sur l’Image. Iconoolisme, overdose d’image.

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Aux côtés de Jacqueline Carron
A la suite de cette conférence, nous avons pu admirer une exposition à la galerie MLS, 123 quai des Chartrons intitulé « M² DE COULEURS ». J’ai notamment eu l’honneur d’échanger avec Jacqueline CARRON, monument de la couleur où elle exposait ses « jeux de couleurs ».
Oeuvres de Jacqueline Carron

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