Espaces concentriques // L’oeuvre au cœur du pli
Musée et patrimoine
Les structures muséales jouent un rôle déterminant dans la mise en oeuvre patrimoniale. En effet, le musée dans ses directives premières avant les révolutions architecturales et muséographiques du XXe, organisait, protégeait et régissait la communication et la conservation d’œuvres patrimoniales acquises. Le musée est un lieu de friction où le patrimoine acquis et le patrimoine latent se confrontent, où le public se retrouve face au passé figé dans le temps (et désormais remis en scène) pour être présentement vivant. Les architectures muséales sont elles-mêmes muséifiées par la même occasion, devenant signes prometteurs d’œuvres d’art et symboles réceptacles d’un patrimoine. Le musée d’aujourd’hui se veut séducteur, atypique et moderne en façade. L’objectif étant d’attirer le public vers le contenu en lui promettant du divertissement et du dépaysement. Les architectures muséales contemporaines opèrent comme des sanctuaires, là où se commémore et demeure l’ancien. Michel Guérin nous parle du musée comme le lieu où « reste » l’oeuvre d’art. Ainsi, le latin reliquiae, signifiant « restes » souligne cette tendance à la relique et ce besoin intemporel de donner lieu au chose. Dans le cas du musée, cette tendance à l’événement est flagrante et intentionnelle. Dominique Clévenot dans son intervention sur l’architecture muséale du Quai Branly a parlé « d’attraction » et je pense en effet que le musée moderne passe de l’attractif à l’attraction.
Cependant, il est indubitable que le patrimoine a depuis longtemps perdu de son charme face aux fêtes foraines et à Disney land. Le maquillage architectural serait-il une réponse judicieuse au musée? A mon avis, la « monumentalisation » muséale accentue davantage le fossé entre le public et l’art parce que le déséquilibre entre espace urbanistique, espace interne creux et espace externe met l’initiation à l’art et le plaisir de la culture sous la cloche du divertissement.
Le principe du monument étant justement de placer au dessus des autres via l’espace externe. Le musée est-il moteur de réflexion ou donneur de leçon? Le monde dans lequel nous vivons nous informe en permanence de ce que nous devons savoir. Ainsi nous n’avons plus le besoin d’être curieux de connaître car savons que les informations importantes parviendront à nous. Le musée donneur de leçon, c’est le musée qui nous rappelle que l’information n’est pas un savoir et qu’une culture d’informations n’est pas une formation de culture. En ce sens, il est source de frustration pour ceux qui n’ont pas le temps de se cultiver mais qui en ont juste assez pour s’informer. Le monument participe à l’information et à sa diffusion. Pour tout dire, l’information c’est la culture qui vient vers l’individu tandis que la culture c’est l’individu qui va vers l’information. En fait, la visite de musée peut se vivre comme une tromperie ou une arnaque, dans le sens où le musée demeure un lieu de la culture et non de l’information comme la bibliothèque qui donne accès au livre mais ne les lit pas pour vous. Peut-être qu’en transparence du mot musée, on arrive à lire « amusement » cependant il faut savoir que le musée n’est pas le lieu de l’amusement mais bien le lieu du plaisir. Le plaisir, c’est la tentative pour résoudre l’énigmatique par la réflexion et la stratégie, c’est le degré intellectuel (parfois rhétorique) de l’amusement qui fait que le jeu en vaut la chandelle.
Le patrimoine est à la fois un héritage mais aussi une revendication. Le musée donne lieu d’être au patrimoine comme la ruine donne lieu d’être à la relique. Pour « faire patrimoine », l’architecture, les rites, les cultes, les savoir-faire et mêmes les couleurs se doivent d’être actualiser puis « artialiser » ou inversement. C’est-à-dire que la qualification de patrimoine passe par le statut de vestige puis par celui d’oeuvre, parfois inversement. Ce sont les deux étapes nécessaires pour que le patrimoine ait lieu d’être, d’où la mention « Ville d’Art et d’Histoire » pour les villes à forte incidence patrimoniale. Les monuments patrimoniaux (provient du latin monumentum, de moneo « se remémorer ») sont quant à eux des gabarits historiques (souvent architecturaux) qui stratifient les époques et mettent en oeuvre un patrimoine contrastant avec un patrimoine latent.
Espaces concentriques
Les divers dispositifs patrimoniaux dans leurs rapports à la communauté ainsi qu’à la ville via l’urbanité, la vie citoyenne et l’architecture, se répartissent à travers l’espace selon différentes échelles. En effet, le dispositif étant voué à la prolifération, il est important de définir un cadre structurel (généralement une scène panoramique) à partir duquel les possibles vont s’épanouir. La notion d’échelle est fondamentale dans notre rapport macroscopique à la ville et au patrimoine car c’est précisément l’espace définit qui engendre un dispositif lambda. Le dispositif agit du proche au lointain, c’est-à-dire qu’il a tendance à vouloir échapper à sa condition spatiale, il est englobant, enveloppant et spatialisant. Quant à notre expérience de l’espace, elle évolue de proche en proche lors de la déambulation, décryptant jusqu’au plus petit espace à sensation. Si l’on considère que l’espace est ce qui remplit le Vide, un espace « plein » se définirait comme « moulé » dans un autre. En ce sens, il se crée un rapport exponentielle des espaces pleins tant qu’il existera un espace endossant la fonction de moule : c’est une théorie envisageable des espaces concentriques.
Le philosophe Michel Guérin, dans son intervention intitulé « l’oeuvre du lieu » dans le cadre du colloque organisé par le laboratoire LLA de Toulouse en Mars 2009 « Architecture muséale: espace de l’art et lieu de l’oeuvre » articule la notion de lieu autour de la dialectique topos (lieu dans métaphysique aristotélicienne) / cora (place et espace en devenir dans la philosophie platonicienne). Il nous dit que l’oeuvre a lieu d’être de part sa vertu intransitive. En effet, l’oeuvre est ce qui reste au lieu, ce qui l’habite indubitablement, présente à travers différents modes de sentir et de façon d’être au monde. Mais au delà du lieu en soit, Guérin étend son argumentation vers la notion plus générique d’espace qui prend, à mon sens, toute son ampleur dans la théorie des espaces concentriques.
En développant la notion « topocorrétique » de Guérin faisant du lieu un espace en puissance vers les préoccupations spatiales de Thierry Deduve qui, avec le référant « échelle » (dans la tridimensionnalité lieu – espace – échelle), permet de déduire que le lieu est un espace qui s’inscrit dans une diversité spatialisante. En fait, le lieu pour faire lieu hérite d’un espace identifié lui-même lieu en amont. Dès lors qu’un objet se rapporte au monde, il a lieu d’être ou fait lieu. Ainsi, un lieu en informe un autre et ceci de façon exponentielle. En ajoutant à ce principe du lieu (à la fois case et réceptacle) la notion d’échelle, une grammaire s’impose pour distinguer les degrés qui pontifient les lieux. En ces termes, le concept du non-lieu ne peut pas se disposer dans l’espace sinon dans une hypothétique dimension extraspatialisante qui ne serait possible que dans une temporalité réversible purement utopique (au delà et hors du commun) car « il faut un lieu pour ne plus avoir lieu » nous énonce Michel Guérin. La grammaire du lieu, c’est l’identification « sédimentaires » et l’intensification des espaces « pli sur pli » et « pli par pli » selon la notion de Deleuze comme ensemble d’inerrances. C’est-à-dire que le Lieu absolu que l’on pourrait qualifier à l’échelle humaine est l’Univers dans lequel se dispose à l’infini (se moule ou se plie en ce qui concerne la poïétique) une sédimentation des lieux. Mais s’il existe un tel dispositif, je pense qu’il tient naturellement d’une érosion manifeste d’une dislocation ou d’une fragmentation de l’Espace (implosive ou explosive selon le lieu où l’on se place), ou du moins d’une accumulation. Si la sédimentation est en substance la prolifération exponentielle des lieux à travers l’Univers de l’homme, l’érosion serait le temps qui passe, le dénouement du processus créatif en puissance. Le Lieu absolu que représente l’Univers de l’Homme se structure d’une infinité de lieux jusqu’à l’endroit, de l’imaginaire jusqu’à la cellule. Dans l’imaginaire, le lieu fait corps. Dans le rapport à la ville et au patrimoine qui nous intéresse, j’ai réduis le nombres d’espaces au besoin de cette étude à savoir en crescendo : l’endroit, le lieu, le site, le paysage, l’environnement, le monde, l’Espace et l’Univers. On pourrait en rajouter une multitude, autant d’espaces qu’il en existe cependant, avec cette composition spatiale simplifiée comportant l’endroit et l’Univers, les deux extrêmes nécessaires, le concept tient. Il faut savoir que par analogie, un espace qui en rempli un autre devient un espace dit vulgairement « plein », moulé ou plié. Si l’on peut parler d’espace « plein », on ne peut pas parler d’espace « vide » sachant que l’espace est par essence ce qui rempli le Vide lui-même espace de l’ordre de l’endroit. De cette façon on peut dire que le vide est rempli d’espace, ce qui nous ramène à globaliser de nouveau les localités: on transite donc vers le lieu et ainsi de suite.
Dans les espaces concentriques, l’endroit est la cellule de l’espace, sa composante structurelle universelle comme la cellule biochimique l’est pour un corps. A chaque espace moulé, une nouvelle « couche » spatiale se définit et joue le rôle de membrane interactive et de moule (en écho de l’opacité transparence du diaphane chez Aristote, là où il y a résonance mais aussi réseau entre les espaces). Par exemple, le lieu se compose d’endroits et l’espace de l’endroit, c’est le lieu. L’endroit se moule dans le lieu comme le lieu se moule dans le site et ainsi de suite. Ces bases posées, il reste à appliquer ce dispositif spatial à un cadre scénique. Ce qui revient à déduire que l’endroit, même le plus petit qui soit, a le potentiel pour devenir un Univers, tout est une question d’échelle. Ainsi, à chaque dispositif patrimonial, on pourrait appliquer une répartition spatiale concentrique à travers laquelle on retrouverait les structures, les limites, les définitions et les valeurs qu’elle engendre. Dans le cas cette étude sur l’artialisation du patrimoine, c’est principalement l’espace architectural au sens le plus large du terme qui nous intéresse.
L’endroit.
C’est la cellule structurante des espaces et aussi la plus petite portion d’espace macroscopique. L’endroit se définit comme une dislocation du lieu dans le sens où il fait empreinte. Il est la projection d’un plein dans un espace où s’articulent les localités. Le lieu est l’espace où prolifère l’endroit et à chaque endroit peut s’appliquer un dispositif d’espaces concentriques. « Si la notion de site présentée par Thierry Deduve s’émancipe sur trois axes principaux (le lieu, l’espace et l’échelle), une notion que je pense fondamentale a toujours été laissée en suspend : la notion d’endroit. Je suis convaincu du rapport intime et subjectif de la notion d’endroit et de son rôle socialisant le lieu. Dans le cadre de l’architecture, l’endroit fait partie intégrante de la pragmatique de l’espace design car c’est l’endroit qui situe l’envers du lieu, comme la dimension cachée d’Edward Twitchell Hall. » La notion d’endroit est intrinsèque de la notion de territoire. En fait, l’endroit constitue les fragments expérimentées de l’espace et s’inscrit dans une archéologie du lieu. En ce sens, l’endroit est la mémoire du lieu, comme un génome archaïque structuralisant. Dans la substance, il est l’espace manifeste du patrimoine incrustée dans la terre. Sa qualité d’empreinte au sein du lieu fait qu’il en est indépendant et donc persistant dans l’espace et le temps. L’endroit véhicule au final un Univers pérenne existant ou disparu du lieu. En effet, le lieu peut changer, évoluer, se transformer, l’endroit persistera au mieux par la mémoire du vécu. Ce rapport intimiste se retrouve dans l’endroit, le paysage et l’Univers tandis que les autres espaces demeurent stériles à la personnalisation, comme étiquetés. En général, les espaces impersonnels sont voués à théâtraliser ceux qui ne le sont pas car ils s’imposent comme scènes à la vie spatiale; à la fois spectaculaire et sensationnelle; rarement décors, souvent dispositif. En somme, l’endroit est l’ingrédient artialisant de l’espace car il est le territoire patrimonial, personnel, créatif même inventif et mémorable de l’espace.
Le lieu
C’est l’espace consensuel par excellence le plus proche de l’échelle humaine et de la vision panoramique que nous avons du monde. C’est l’espace de déambulation de l’homme. Le lieu conventionne l’espace, lui donne une identité et nous permet de nous situer dans le monde. C’est un espace-repère avec lequel nous sommes en interaction sans jamais l’altérer. Alors que nous investissons l’endroit, le lieu même s’il est de proximité, demeure insensible à nos actions pour le rendre malléable. Dans sa dimension scénique, le lieu est l’espace où la diachronie s’opère. Il est de l’ordre du cheminement (ou promenade) alors que l’endroit est de l’ordre de l’errance. En ce qui me concerne, je considère que les espaces de transitions, où réticulaires comme les définit Jacques Fillacier font partie des lieux parce qu’ils sont par essence les espaces que l’on parcours. Le lieu est également un espace patrimonique acquis de part sa valeur historique à l’échelle de la patrie là où l’endroit préconise une valeur symbolique latente à l’échelle de l’individu ou du groupe d’individus. Le lieu est le reste de l’endroit, là où acteur et spectateur se rencontrent pour donner lieu à l’endroit et ainsi à l’Art.
Le site
C’est l’espace qui naît de la globalisation de deux lieux. Le site est une arborescence et initie la notion de réseau. C’est l’espace qui dispose le mieux car assez proche de l’échelle humaine. Anne Coquelin dans ses écrits développe cette notion notamment avec le site internet. Patrick Barrès parle de « pratiques du site » qui entre complètement dans cette problématique du mouvement, de la déambulation de lieux en lieux, de proches en proches. C’est la question des arts vivants et des nouveaux paradigmes plastiques mise en oeuvre dans le dispositif créatif et particulièrement dans la poïétique. Le site est une notion fondamentale parce qu’il est l’espace ou réside l’oeuvre d’art. Il y a oeuvre d’art lorsqu’il y a site même s’il y a artialisation dès l’endroit. C’est véritablement dans la dialectique du lieu qu’émerge le site et par la même une pratique qui disposerait de diverses localités pour donner lieu à l’Art contemporain. L’Art d’aujourd’hui hérite des pratiques du site, alors qu’auparavant, l’art s’inscrivait dans une pratique du lieu. Le site est de l’ordre de l’installation et ainsi du dispositif à part entière. On pourrait dire que l’endroit fait cellule, le lieu fait corps et le site fait scène.
Le paysage
C’est un espace perceptif panoramique. Le paysage est un espace événementiel et éphémère. Il n’a de persistance que lorsqu’on le fige par le biais des techniques de l’image existantes. Il est rare et authentique, ne pouvant avoir lieu qu’une seule fois. La notion d’idiosyncrasie définit justement la relation intime entre le regard initiatique et la perception d’un espace à contempler sous une facette exclusive et unique où prend forme le paysage. Pour le pays, le paysage est un fragment presque folklorique dans le sens où l’autochtone développera une autre approche du paysage. C’est-à-dire que les valeurs contemplatives ne seront pas basées sur les mêmes critères et que le paysage tire son pouvoir du « jamais-vu ».
Le pays
C’est l’espace consensuel panoramique. Le pays est borné de frontière claires et connues géographiquement. C’est un espace topologique en surface de l’ordre du « déjà-vu ». Le pays se veut un espace total englobant l’infinité de paysages qu’il peut potentiellement générer. Il n’a de complexité que dans le patrimoine qu’il transporte et il s’identifie comme l’espace où l’on voyage (autochtone ou touriste, à comprendre le voyage dans le sens de déplacement d’un paysage à un autre : le voyage dépaysant). Dans sa relation à l’individu et au regard, le pays est un générique spatial qui n’est pas visible dans son ensemble d’un coup d’oeil. C’est un espace qui déborde de l’échelle humaine et que le regard humain reconstruit par fragments via les outils de représentation.
L’environnement
C’est l’espace qui donne au regard tout ce qui échappe à l’objet (il faut comprendre la notion d’objet comme une entité spatiale). L’environnement dispose l’objet dans des espaces qui lui sont contigus. C’est un espace de mis en tension où les espaces s’influencent les uns les autres. Il marque un équilibre fragile et une harmonie en péril. L’environnement préconise l’intégration plutôt que l’insertion. En fait, l’environnement régit des espaces vivants qui tend à conserver en l’état sous la notion d’écosystème. Il harmonise les biosphères et met en avant les conséquences qu’un espace peut engendrer sur les plans « vitaux » (dans l’absolu de la notion, c’est-à-dire prioritaire).
Le monde
C’est l’espace constituant un Univers se renfermant sur lui-même à une échelle donnée. Le monde est l’entité spatial la plus vaste que l’Homme est pu comprendre et appréhender. C’est un espace qu’il veut maîtriser et qu’il réinvestit de façon perpétuelle. Le monde est à la fois une surface et un idéal imaginaire indéfiniment perfectible. Il englobe toutes les problématiques des espaces qu’il moule en apportant en plus la question de l’être et du devenir. Le monde est l’espace limite de la création ayant le pouvoir de toucher l’humanité. Il est proche dans l’appréhension que nous en avons et lointain de part la complexité qu’il renferme. Il fait débat et favorise la confrontation et la diversité des idées et des imaginaires. Créer un monde revient à mettre en place un espace complexe fait d’espaces pleins et de vides à potentiel. L’espace monde est un espace à dompter, qui renferme toujours une part de sauvage insaisissable qu’il faut tenter de maîtriser. Le monde est un espace unidirectionnel allant inévitablement vers l’expansion.
L’espace
C’est tout ce qui englobe le monde et qui permet de le définir parce qu’il n’est pas monde. L’Espace est la négation du monde et en justifie l’existence. Il est transitoire, latent et en aucun cas circonscrit parce qu’il ne peut être vu en entier. Quelque soit l’échelle, l’Espace ne peut être concevable que par aperçu fragmentaire. Il n’a pas vraiment de consistance et demeure volatile. La différence entre « l’espace » et « l’Espace » c’est la notion de vide. En effet, dans l’espace, le vide est un plein d’espace circonscrit dans un monde identifiable tandis que l’Espace est un plein de négation d’espace, de néant où tout reste à faire (tout d’abord créer un monde originel pour créer de l’espace).
L’univers
C’est l’absolu dans lequel tous les espaces et toutes les formes d’existences et de vies sont contraints. Il comporte d’une infinité de mondes moulée dans l’Espace autour d’un objet constituant lui-même un monde. L’Univers transcende l’objet et le transforme en dispositif véhiculant un concept fort qui fait réseau et qui résonne. L’Univers est au site ce que le monde est au lieu mais à l’infini. Parce que l’Univers transforme l’objet en dispositif, il génère substantiellement un imaginaire autour de celui-ci. En fait, l’Univers est en perpétuelle évolution, il est instable, à la fois extensible et rétractable car il n’est pas circonscrit à l’espace. L’Univers ne peut être apprécier ni même vu à l’échelle humaine car il ne peut être qu’imaginer par l’homme. Il est le concept de l’espace absolu, la limite du sensible.
Cette théorie des espaces concentriques fonctionne comme un dispositif spatial qui met en réseau les espaces sous forme de territoires. Dans cette réflexion, je peux situer l’oeuvre d’art, le lieu de l’oeuvre et la mécanique spatial qui se met en place lorsque ces deux espaces interagissent. Ces plis d’espaces nous offre un nouveau regard sur notre conception de l’espace, du vide et de l’interaction d’un objet avec son milieu. En tant que designer, ces préoccupations font partie des points cruciaux dans la poïétique de l’oeuvre. Ce n’est pas qu’une question purement théorique mais une réflexion qui nous amène à repenser notre manière de concevoir et de voir. L’espace est l’élémentaire dans l’acte créatif mais aussi le fondamental à comprendre et à savoir exploiter.