Jeune diplômé designer, quoi faire après l'école? Comment trouver du travail sans expérience? Au secours !

Vous avez obtenu votre diplôme de designer (BTS, Licence, Master, DN MADE, Bachelor…) et vous vous posez des questions sur la suite des événements? Voici quelques modestes conseils à méditer pour trouver cette première impulsion cruciale pour votre projet professionnel.

Le diplôme, et après?

Si vous faites partie de ceux qui n’ont pas été embauchés après leurs stages en entreprise ou ceux qui n’ont trouvé aucune offre d’emploi pour jeune diplômé en design, sachez que vous êtes actuellement en train d’expérimenter la vie professionnelle dans toute sa splendeur. Non, la vie n’est pas un conte de fée avec des offres d’emploi en pagaille à la recherche de la perle rare que vous êtes. La réalité, c’est bien que le marché du travail a beaucoup évolué depuis la révolution numérique des années 2000.

Si quelques rares chanceux d’entres vous peuvent encore compter sur une embauche par la voie traditionnelle (l’offre d’emploi ou plus couramment l’embauche après stage), la majorité doit se confronter à une réalité : trouver du travail ce n’est si facile que ça, et tous les moyens sont bons pour en trouver ! Alors, j’ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise… On commence par laquelle? Allez, la bonne nouvelle !

La bonne nouvelle : les offres d’emploi dans les activités du design sont plus nombreuses qu’avant. Il est loin (pas tant que ça en fait) le temps ou Pôle Emploi répertoriait les demandeurs d’emploi designer dans la catégorie « Autres ». C’est quand même un point positif parce que cela donne plus de visibilité aux activités du design et mine de rien, cela vous donne la possibilité de postuler à des offres et d’effectuer une vraie veille de recherche d’emploi.

La mauvaise nouvelle : vous êtes loin d’être le seul ou la seule à chercher un emploi dans le domaine. Les écoles de design (publics et privées) ont fleuris comme des pissenlits au printemps, cela rend le marché très concurrentiel et donc les pratiques d’embauche douteuses et autres arnaques plus courantes.

Pour ne rien vous cacher, en arrivant sur le marché du travail fraîchement diplômé avec des compétences et des pratiques du design récentes, avec cette soif de prouver au monde que vous y avez votre place, vous êtes une proie facile pour les entrepreneurs de bas étage et les entreprises aux milles « stagiaires-salariés ». Bienvenue dans le monde impitoyable des affaires! Mais ne vous inquiétez pas, j’ai des conseils pour vous. Ces conseils sont à prendre pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des conseils, des retours d’expériences, des astuces, des encouragements pour éclaircir des perspectives, un point de vue, une motivation. Dans un marché de l’emploi chaotique, l’absence de stabilité et de rémunération adéquate vous maintiennent dans la précarité et cela peut s’avérer très traumatisant quand on a encore des rêves à réaliser.

Sans expérience…vraiment?

Vous voyez une offre qui se présente à vous mais 3 à 5 ans d’expérience professionnelle sont demandées. Qu’est-ce que cela signifie? Pourquoi ne pas prendre un jeune diplômé?

Une entreprise qui publie une offre d’emploi recherche toujours un profil particulier qui correspond à une fiche de poste. Ce poste demande au salarié d’effectuer des tâches particulières et surtout les compétences pour pouvoir les réaliser. Lorsque l’employeur précise 3 à 5 ans d’expérience professionnelle, cela signifie qu’il recherche quelqu’un d’opérationnel tout de suite et d’autonome dans l’exécution et la prise de décision. En gros, l’employeur ne compte pas vous former au poste qu’il publie, vous aurez à vous intégrer rapidement et à percuter tout aussi vite comment fonctionne l’entreprise. En fait, c’est avant tout un profil que recherche l’employeur. Tout ce que vous avez à faire, c’est de lui démontrer que vous correspondez au profil qu’il recherche. Sachez également qu’une offre d’emploi est une forme de bouteille à la mer lancée par l’employeur. Il formule son salarié idéal tout en sachant pertinemment qu’il a très peu de chance de trouver exactement ce qu’il recherche. En fait, il recherche quelqu’un qui s’en rapproche le plus.

Apprenez à mettre en avant vos qualités. Sachez que même fraîchement sorti de l’école, vous n’êtes pas sans expérience. Vous avez réalisé des stages, vous avez suivi des conférences, conçu des projets que vous avez défendu, passez un diplôme à travers une multitude d’examens écrits et oraux. L’expérience, c’est avant tout une vision professionnelle qui s’est forgée avec le temps. Si effectivement vous n’avez pas encore vécu le métier, vous en avez déjà une vision que vous souhaiter expérimenter.

Les 3C du succès à l’embauche : Confiance, Compétent, Collectif.

Je veux : erreur fatale !

Jeune diplômé, oubliez vos exigences. Je veux toucher 2000 euros par mois, je veux travailler dans une grande entreprise, je veux un CDI etc. Il y a du travail mais pas celui que vous pensez. Vous n’êtes plus sur le banc de l’école, vous êtes désormais un chasseur d’opportunités ! Félicitations !

Si vous voulez trouver du travail, soyez ouvert à TOUTES les opportunités !

Attention, cela ne signifie pas que vous êtes prêt à accepter n’importe quoi pour travailler mais plutôt que vous êtes prêt à tout pour travailler. La nuance est importante. Etre prêt à tout, c’est être capable de quitter le cocon familial pour vivre sa propre expérience de vie, parfois sans filet ni parachute, c’est la vie. Etre prêt à tout, c’est vous donner les moyens d’accomplir vos rêves en faisant suivre les actes aux paroles. Etre prêt à tout, c’est faire preuve d’une véritable détermination pour arriver à vos fins et pas seulement rêver d’accomplir vos rêves.

La situation personnelle, le tendon d’Achille

Etre prêt à tout, c’est accepter enfin de comprendre que votre situation actuelle doit changer et que cela peut faire mal. Souvent, c’est votre situation personnelle qui entrave vos ambitions professionnelles : vous vivez en couple et vous n’avez pas la mobilité d’un célibataire. Pire : vous vous attachez à une situation personnelle ou sentimentale qui ne vous permettra jamais de trouver le travail que vous souhaitez dans ces conditions : réveillez-vous!

Trois solutions s’offrent à vous :

Petit 1 : Faire une croix sur vos rêves de designer pour le moment et accepter un boulot qui vous ennuiera mais qui aura le mérite de ne pas briser votre couple ou votre petite famille. Vous devrez vous armer de patience dans l’espoir de voir une opportunité s’offrir à vous pendant votre veille du marché à durée indéterminée. Je vous préviens, c’est une denrée plutôt rare.

Petit 2 : Pouvoir vous déplacer en couple ou en famille en fonction des opportunités. Cette situation est une chance, vous aurez le beurre et l’argent du beurre ! Profitez-en !

Petit 3 : Changer de vie pendant qu’il en est encore temps !

Comprenez bien que vous ne pourrez pas construire une vie de couple et à fortiori une famille avec la personne avec qui vous êtes actuellement si vous ne trouvez pas de travail. Malheureusement, la vie est faite aussi de décision difficile. Ne faites pas de concession excessive alors que vous avez toute la vie devant vous. Les priorités !

Si vous êtes capable de faire une croix sur le métier pour lequel vous avez été formé, vous avez tout mon respect. Pour ceux qui sont habités par le design jusqu’à la moelle, je suis navré de vous annoncer que vous avez une décision à prendre car il faut que ça change. C’est dit, maintenant à vous de voir.

L’attitude du gagnant

Trouver du travail, c’est un sport. Il vous faut une hygiène de vie à toute épreuve :

  • Vous levez tôt la semaine. Vous reposer le week-end. Ayez déjà le rythme du travailleur.
  • Faites-vous un emploi du temps à respecter impérativement, un planning de vos activités à la semaine.
  • Sortez de chez vous tous les jours. Prenez des rendez-vous, appelez des entreprises, allez à des salons, faites du réseau, allez à des expos, des vernissages, déposez des cv, rencontrez des gens, toutes sortes de gens. A défaut, allez au moins respirer l’air ailleurs ! Faites du sport, allez courir ou marcher.
  • Soyez ouvert à toutes les opportunités mais connaissez tout de même vos limites : on ne travaille pas pour pas cher, sans contrat et encore moins gratuitement quelques soient les promesses ! Un professionnel ne reconnaît qu’un seul échange de bon procédé : travail contre salaire.
  • Écoutez votre cœur mais aussi votre raison : pesez le pour et le contre mais sachez que les conditions de travail priment sur tout le reste. Si vous acceptez de travailler dans des mauvaises conditions, vous allez en payer les frais psychologiquement et/ou physiquement. A l’inverse, ne rejetez pas une offre parce qu’il y a un point noir dans le tableau. Si le travail vous plaît et que les conditions ne sont pas trop « dégueulasses », acceptez-le !
  • Ne donnez pas un euro pour travailler ! Des plateformes peuvent vous proposer des offres, des clients ou d’autres choses moyennant finances, oubliez tout de suite. Si vous voulez du travail, vous allez devoir le trouver vous-même.
  • Faites les choix qui vont dans une évolution positive de votre projet. Ne vous créez pas de difficultés supplémentaires, pesez le pour et le contre lorsque vous prenez une décision, discutez-en avec des gens de bons conseils qui vous connaissent bien. On peut reculer pour mieux sauter mais attention tout de même. De Toulouse, on peut arriver à Paris en allant à Marseille, mais c’est quand même plus rapide en passant par Bordeaux… Ok?
  • Gardez le contact avec vos anciens collègues de formation, vos profs aussi. Ils constituent les premiers membres de votre nouveau réseau professionnel. Les opportunités viennent très souvent de l’intérieur, vous seriez surpris.
  • N’essayez pas de vous vendre, vous n’êtes pas un produit. Ce que vous proposez n’est pas à céder mais à servir. Si un employeur vous embauche, c’est parce que vous correspondez à ce qu’il recherche comme profil et qu’il estime que vous êtes compétent pour accomplir la mission. Vous avez à démontrer des compétences. Si vous êtes embauché parce que vous avez séduit, méfiez-vous car avec le temps, va, tout s’en va.
  • Continuez à pratiquer ! Faites des tutos, faites des choses qui vous plaisent le temps de trouver le travail qui vous va bien.
  • Soyez présent sur les réseaux professionnels, notamment Linkedin. C’est aujourd’hui un incontournable et de vrais opportunités peuvent s’y présenter mais pour cela, il faut que vous soyez actif sur le réseau. Postez des commentaires, des articles, partagez des publications en relation avec votre domaine et vos centres d’intérêts pros etc. Existez autant sur internet que dans la vraie vie. Surtout, soyez cohérent entre les deux !

Devenir entrepreneur?

Le marché de l’emploi étant devenu un champ de bataille, l’autre solution envisageable, c’est de créer votre propre emploi. C’est une bonne idée, lorsque vous êtes fait pour cela et prêt à faire beaucoup de sacrifices pendant longtemps : pas de week-end, diminution drastique sur les sorties et les dépenses, chronophage à souhait, très instable et précaire au début. ça c’est pour la majorité, vous faites peut-être parti de ceux qui ont cette fibre ! Foncez alors !

Malheureusement, les créatifs ne sont pas forcément connus pour leurs sens de la gestion accrue et leur stratégie marketing agressive sur les marchés économiques. Steve Jobs était un grand génie du commerce, il peut remercier le designer Jonathan Ive d’avoir donner vie à ses concepts révolutionnaires. Etes-vous un Steve Jobs ou un Jonathan Ive ?

Tout le monde n’est pas fait pour être boucher-charcutier, employé de bureau, chauffeur de bus et ainsi entrepreneur. C’est un métier à part entière, et donc qui s’apprend. Pour créer une entreprise, il faut se former à le faire. C’est en suivant une formation que vous pourrez juger de l’ampleur de la tâche. Dans tous les cas, c’est une formation indispensable aujourd’hui, même si vous ne pensez pas créer une entreprise, vous connaîtrez les enjeux et surtout le fonctionnement d’une entreprise. C’est bon à savoir, surtout si vous êtes salarié.

L’entreprise, c’est la fausse bonne idée des jeunes diplômés qui ne trouvent pas de travail. En général, cela n’était pas dans le scénario de leur projet professionnel initial et c’est un choix par défaut, souvent casse-gueule. Si vous n’avez pas la révélation du chef d’entreprise, passez votre chemin et chercher plutôt à travailler dans votre secteur de prédilection ou à défaut dans son environnement.

Au boulot !

Je pense qu’on a vu les grandes lignes même si il reste encore beaucoup de choses à dire sur ce sujet. Ne perdez pas vos objectifs de vue, persévérez et faites bien la part des choses entre vos compétences professionnelles et vos qualités personnelles. Un refus ne doit pas remettre en question qui vous êtes mais plutôt la manière de vous présenter. Travaillez votre présentation, votre tenue, votre élocution et votre discours face à un employeur, un professionnel, un client, un prescripteur. Ayez confiance en vous et respectez votre métier. Vous avez obtenu un diplôme qui certifie votre niveau d’étude et vos compétences dans un domaine, respectez cela tout d’abord en refusant toutes les propositions qui vous dévalorisent. Aucune concession à faire sur ce point. Travailler ne doit jamais être une torture malgré son étymologie, c’est encore plus valable pour les créatifs qui ont naturellement une plus grande empathie et une plus grande sensibilité à leur environnement.

Je vous souhaite le meilleur pour la suite, la réussite est au bout ! Bon courage !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *